Célestine Mann (1885-1971)
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Célestine Mann naît le 11 mai 1885 à Wettolsheim. Ses parents sont Antoine Mann et Claire Schmitt. Fréquentant d'abord l'école de son village, elle est ensuite scolarisée durant plusieurs années en France au pensionnat Notre Dame de la Providence à Bains-les-Bains (Vosges). Durant l’annexion, les familles aisées avaient souvent l’habitude d’envoyer leurs enfants en France, notamment en Lorraine, afin de conserver le privilège de la maîtrise du français (6). Célestine, qui possède une très belle écriture, s'exprime donc parfaitement en allemand et en français à l'écrit, ainsi qu'en dialecte et en Allemand à l'oral. Sa scolarisation se termine brusquement durant sa classe de 3e, en avril 1900, sans que la cause en soit connue (1).
En août 1909, Célestine tombe très gravement malade du fait d'une méningite. Tombée dans le coma, elle perd une partie de ses cheveux, et n'est sauvée que par l'intervention d'un professeur de Colmar qui lui prescrit un traitement efficace. Célestine est remise au début du mois d’octobre mais elle garde par la suite de cette maladie une séquelle à un œil (2,3). Durant l’année 1911, Célestine se sépare progressivement de Victor. Celui-ci est encore présent à Wettolsheim en janvier 1911. En février puis juin 1911, Victor écrit à Maria Mann en lui faisant part de ses doutes puis en se plaignant d’être délaissé et de ne pas recevoir de réponse à ses lettres !
Durant l'année 1906, Célestine, qui aide à l'exploitation familiale, prend également des cours de cuisine et de ménage durant quatre mois dans une école spécialisée de Colmar (4). Célestine, Maria et Victor passent ensemble le Noël 1907 à Labroque. Célestine et Victor font régulièrement des déplacements ensemble, par exemple à Schirmeck ou Rothau jusqu’au début de l’année 1910.
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Le beau-père de Célestine, Xavier Butterlin, qui était courtier en vin, vendait sa production dans toute l’Alsace et notamment dans le Sundgau auprès des restaurateurs locaux. Célestine qui avait connu durant ses études une jeune sundgauvienne nommée Thérèse Diebolt, qui était restée son amie par la suite, profitait des déplacements de son beau-père pour retrouver son amie. C'est au cours de l'un de ces déplacements, sans doute dans un restaurant du village d'Hirsingen, qu'elle fait la connaissance d'un séduisant sundgauvien nommé Joseph Lipp. Le 3 juin 1911, Célestine se trouve ainsi en compagnie de Seppi (surnom de Joseph) à Hirsingen, d’où elle écrit une carte postale à sa soeur Maria.
Ecriture de Célestine
Le jeune couple se marie le 20 octobre 1911. Le fait que Joseph ne soit pas viticulteur ne pose pas de problème à Claire Schmitt, la mère de Célestine. Il en va tout autrement lorsqu'elle apprend que Célestine est enceinte de cinq mois au moment de son mariage, ce qui était tout à fait inconcevable à l'époque. Claire est extrêmement en colère et refuse de participer au mariage qui se déroule à Hirsingen, simplement en présence de son autre fille Maria et sans doute de la famille Lipp (2). Les 21 et 22 octobre 1911, les jeunes mariés et leurs parents se réunissent dans le Jura Suisse à l’abbaye de Mariastein. Leur présence sur ce site important de pélerinage correspond peut-être à sorte de repentance ou de demande de pardon. Après cet épisode, Célestine semble se réconcilier avec sa mère puisque Claire passe les fêtes de la fin d’année 1911 auprès de la famille Lipp qui a déménagé à Drulingen. Plus tard, Célestine indiqua qu’elle avait fait une “mésalliance” en épousant Joseph. Cette reflexion était certainement en rapport avec l’extraction modeste de la famille Lipp et à son origine du Sundgau (3). Célestine donne naissance à Aimé, le 20 février 1912, puis à Alice le 7 mars 1913 à Drulingen (Bas-Rhin) où la famille a déménagé.
Célestine portant une pompe à sulfater pour le travail dans les vignes vers 1905
Célestine (assise) et sa soeur Maria vers 1908
Fin d’été 1913, Célestine porte dans ses bras Alice et Aimé
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Durant la première guerre mondiale, en l'absence de Joseph qui restera sous l'uniforme allemand durant près de cinq années, Célestine Lipp vit avec ses enfants à Wettolsheim chez sa sœur Maria Mann. Le domaine familial héberge également des soldats allemands qui vivent visiblement en très bons termes avec les habitants. En témoigne une carte postale envoyée à Célestine le 4 août 1916 par le soldat Georg Kick. Ce soldat faisant partie du Fußartillerie Bataillon Nr.6 était basé sur le saillant de Saint-Mihiel au sud de Verdun. Georg Kick lui envoie son bonjour ainsi qu'à ses " gentils enfants ". Il remercie " sa bonne hôtesse " et lui demande également si elle a toujours de nombreux militaires. Le soldat indique également qu'il se trouve dans un endroit dangereux et que sa santé est mauvaise. Ce soldat devait faire partie de ceux qui avaient fait boire du vin pour la première fois à Alice, alors agée de 3 ou 4 ans (5).
Célestine donne aussi de son temps à l'hôpital de Colmar pour soigner les blessés et où sa bonne connaissance du français, rare à l'époque, est appréciée des autorités (2).
Célestine (assise au centre) a l’hôpital de Colmar durant la première guerre mondiale.
Pour la suite de la biographie de Célestine, se reporter à celle de son mari : Joseph Lipp (1887 - 1948) Nous présentons mantenant une serie de photos illustrant la suite de sa vie.
Fin de l’été 1918 à Wettolsheim. Célestine entourée d’Alice et d’Aimé, son demi-frère Alfred Butterlin en uniforme du 29 Landwehr Infanterie Regiment, et sa soeur Maria. Il est impressionnant d’observer l’amaigrissement de Célestine par rapport aux autres photos. Les conditions de vie des civils allemands furent extrêmement difficiles durant la guerre du fait du blocus allié.
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Les familles Lipp et Mann en 1926 Célestine, son mari Joseph et leurs filles Alice et Claire. Au centre Alfred Butterlin habillé en prêtre. Sur la droite, Maria et son mari Henri Mann en compagnie de trois de leurs enfants
La famille Lipp en 1927 à Sarrebourg : Célestine et Joseph en compagnie de leurs enfants Aimé, Claire et Alice
Célestine perchée sur des briques pour ne pas sembler trop petite aux cotés de son mari !
Pique-nique en 1935. Célestine et son mari Joseph en compagnie de leur fille Alice et de leur futur beau-fils Nicolas Keichinger
Célestine, pour une fois souriante, durant l’été 1948 alors que son mari est gravement malade
Obernai en août 1952, Célestine avec son petit-fils Pierre-Nicolas Keichinger
Obernai en juillet 1968, Célestine avec son arrière-petite-fille Véronique Morel
Sources familiales : (1) Cahier de composition de Célestine Mann, année 1899-1900, Pensionnat Notre Dame de la Providence à Bains-les-Bains (2) Claire Mann, nièce de Célestine Mann (3) Nicole Morel, petite-fille de Célestine Mann (4) Cahier de cuisine de Célestine (5) Alice Lipp, fille de Célestine Mann Bibliographie générale : (6) : Wahl A. , Richez J.C. L’Alsace entre France et Allemagne 1850-1950, p.303
Suite au décès de son mari en 1948, Célestine continuera à vivre dans sa maison d’Obernai. Elle effectuait chaque année un pélerinage à Lourdes. Elle n’avait que de très faibles revenus et arrondissait sa petite retraite en vendant les fruits qu’elle cultivait dans son jardin ainsi qu’en louant une partie de sa maison (3). Célestine décède le 26 mai 1971 suite à un cancer de colon.
Johan Schülein, soldat bavarois réserviste, stationné chez la famille Mann à Wettolsheim en octobre 1915. Les soldats aidaient aux travaux dans les vignes. Remarquer la taille encore très élevée des pieds de vigne à cette époque.
Carte de voeux pour la nouvelle année 1915 envoyée par Célestine à son beau-frère Henri Mann, soldat dans le 3 ober-Elsässisches Feld-Artillerie Regiment Nr.80. Cette carte évoque une espérance de paix et d’amitié. Elle est également clairement pro-allemande en arborant les drapeaux de l’Empire allemand (à gauche) et de la Marine de guerre de l’Empire (à droite). En effet, si les vieux Alsaciens ayant connus l’Alsace française avant 1870 étaient souvent restés pro-français, ce n’était pas le cas de la nouvelle génération. Contrairement à une légende tenace, de nombreux Alsaciens nés durant l’annexion avaient été profondement germanisés.
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A partir de l’année 1904, Célestine fréquente un garçon s’appelant Victor Heck, habitant Labroque près de Schirmeck. Le jeune homme qui appelle la mère de Célestine “Maman” semble également travailler pour l’exploitation familiale. Les deux jeunes gens resteront “fiancés” durant six ans.
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