François Joseph Lipp (1855 - 1929)
François Joseph Lipp naît à Hirsingue (Sundgau, Haut-Rhin) le 25 mai 1855 à 20h au domicile de ses parents (5). Son père est Antoine Lipp, né le 29 septembre 1819 à Hirsingue. Sans emploi jusqu'à plus de 30 ans, il exerce en 1855 la profession de sabotier. Il sera par la suite barbier, tout en étant également cultivateur. Il décède le 5 février 1871 à Hirsingue (5). Sa mère est Catherine Lipp, née Muller, sans profession, née le 24 mars 1825 à Bettendorf (Haut-Rhin, Sundgau). Elle a vécu assez âgée mais nous ne connaissons pas sa date exacte de décès (5). Joseph a un grand frère, Bernard né en 1852, et un petit frère Xavier, né en 1858 (5).
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A l'âge de 20 ans, François Joseph effectue son service militaire dans l'armée prussienne de 1875 à 1878. Il reste ensuite réserviste jusqu'en 1882. Joseph épouse Mlle Philomène Walch le 6 mai 1882 à Hirsingue. Le couple aura six enfants (5) : Joséphine, née le 1er juillet 1883 Joseph, né le 28 août 1887 Eugène, né le 16 mars 1889 Philomène, née le 22 juillet 1892 Eugénie, née 15 juillet 1894 Wilhelmine, née le 29 janvier 1899 François Joseph Lipp était bilingue. Parlant, comme tout le monde, le dialecte alsacien du Sundgau, il pratiquait également le français qu’il avait appris durant son enseignement primaire sous le Second Empire. Mesurant approximativement 1 m 80, il était d’une taille peu commune pour sa génération, la taille moyenne des jeunes hommes étant de 1 m 65 en 1880 (12). Son ménage était relativement pauvre ; la famille Lipp devait par exemple aller chercher du bois dans la forêt durant l'hiver pour se chauffer (1). Il existait un droit coutummier de libre accès aux forêts pour le ramassage des menus produits (10). A ses heures perdues, François Joseph pratiquait également de la distillation d'alcool (sans doute au-delà de la limite légale) et conservait un fusil dans son local en cas de vérification de la part des autorités. (2) François Joseph exerça plusieurs métiers au cours de sa vie. Il fut tout d'abord journalier (cultivateur) et conserva sans doute ce type d'activité annexe durant toute sa vie. La famille Lipp possédait à Hirsingue quelques champs et des prairies et, à une certaine époque, quelques vaches. Dans les années 1880 et 1890, son activité principale, comme celle de son épouse, est celle d'ouvrier d'usine (Fabrikarbeiter) (5). François Joseph fait alors partie d’une catégorie très commune en Alsace à la fin du XIXe siècle : les ouvriers-paysans. Les horaires de travail à l’usine étaient adaptés en fonction des saisons aux activités agricoles (8). La journée de travail était donc double, le matin à l’usine et l’après-midi dans les champs, sauf l’été où les travaux agricoles étaient effectués le matin et le soir. Ce rythme de vie infernal permettait d’améliorer sensiblement les revenus de la famille (8). Ce choix de vie résultait également d’un trait de mentalité du paysan alsacien qui considérait comme une déchéance le fait d’abandonner la terre pour vivre dans une ville comme Mulhouse, au milieu d’un prolétariat dans lequel il ne se reconnaissait pas (8).
En février 1910, à l'âge de 54 ans, François Joseph devient fonctionnaire communal d'Hirsingue en tant que policier municipal. Cette décision fait suite aux nuisances que doivent subir les habitants du village de la part de la jeunesse locale : ébriété, tapage nocturne, détériorations volontaires, maisons " taguées ", chants et iodles nocturnes, jusqu'à des agressions aux personnes beaucoup plus graves ! (8). François Joseph est agent de police au moins jusqu'à la fin de la guerre 14/18. Pour obtenir ce poste, il devait nécessairement avoir une parfaite maîtrise de l’Allemand à l’écrit et s’entendre avec les autorités municipales. Le statut de fonctionnaire (Beamte) était garanti par la loi, ce qui véhiculait un fort respect de l’autorité et conférait également à son détenteur des avantages sociaux qui étaient souvent enviés dans les villages (9). François Joseph fut ainsi logé pendant plusieurs années dans la mairie d'Hirsingue. (2)
François Joseph Lipp était un homme qui possédait visiblement un caractère très dur. Il avait mis son fils Eugène " à la porte " suite à une discussion orageuse. A la suite de cette brouille, Eugène s'est engagé dans la légion étrangère (2,3). En 1909, on le retrouve ainsi à Beni Ounif (Algérie) au sein du 2e régiment étanger (4). Son physique impressionnant terrorisait également ses petits-enfants, notamment Alice Lipp. (1) Sa femme Philomène Walch, qui était également ouvrière en usine, est décédée en 1920 à l'âge de 64 ans. Nous ne possédons malheureusement aucun portrait d'elle. François Joseph décède en 1929 à l'âge de 73 ans
François Joseph à la communion de ses petits-enfants Alice et Aimé Lipp le 4 mai 1924 à Drulingen (Bas-Rhin) en compagnie de son fils Joseph et de sa belle-fille Célestine.
François Joseph portant son uniforme de pompier après le retour de l’Alsace à la France, sans doute vers 1925. L’uniforme n’a pratiquement pas changé par rapport à la période allemande, seules des épaulettes typiquement françaises ont été rajoutées. François Joseph arbore également la médaille d’honneur des sapeurs-pompiers décernée pour trente ans de “bons services et de dévouement”.
François Joseph a également connu son grand-père Bernard Antoine Lipp, né le 1er décembre 1789 à Murbach (Haut-Rhin) et qui décéda le 2 décembre 1866 à Hirsingue alors que François Joseph était âgé de 11 ans. Bernard Antoine était douanier de profession. Il a surtout participé aux guerres napoléoniennes en étant notamment membre de la Garde Impériale en 1813 et 1814. Les histoires de son grand-père ont certainement passionné le jeune François Joseph et entretenu une forte francophilie après l'annexion de l'Alsace-Moselle par l'Empire allemand en 1871.
Signatures des parents de François Joseph : Antoine (Michel) Lipp et Catherine Muller (5)
Signature de son grand-père Bernard Antoine Lipp
Fanfare de la brigade des sapeurs-pompiers d’Hirsingue “Feuerwehr von Hirsingen” prise en photo devant la mairie du village en 1899. François Joseph Lipp est au 1er rang, deuxième place en partant de la gauche. En tant que feldwebel, ou sergent-major, François Joseph semble avoir été l’un des plus hauts-gradés de cette clique.
Arrêté municipal de nomination François Joseph Lipp au poste de policier municipal (6)
Sources familiales : 1 : Alice Lipp, souvenirs personnels et de ses parents 2 : Célestine Mann, d’après les souvenirs de sa mère Maria Mann 3 : Nicole Morel, d’après sa mère Alice Lipp 4 : carnet personnel de son frère Joseph Lipp, durant son service militaire 1907-1909 Sources de l'Etat-civil : 5 : Etat-civil d’Hirsingue 6 : Archives Départementales du Haut-Rhin Bibliographie générale : 7 : Article de presse locale de janvier 1910 8 : Wahl A. , Richez J.C. L’Alsace entre France et Allemagne 1850-1950, pp. 50 9 : Wahl A. , Richez J.C. L’Alsace entre France et Allemagne 1850-1950, pp. 230-231 10 : Wahl A. , Richez J.C. L’Alsace entre France et Allemagne 1850-1950, p.266 11 : Wahl A. , Richez J.C. L’Alsace entre France et Allemagne 1850-1950, pp.71-73 Site internet : 12 : http//a.gaudin.free.fr : la taille de nos ancêtres mâles
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François Joseph fait également partie de la brigade des sapeurs-pompiers d'Hirsingue (Feuerwehr) dont il était l'un des gradés. Durant la période de l’annexion, les sapeurs-pompiers sont restés un vecteur important de la mémoire française. Ces volontaires ont continué à porter leurs anciens uniformes français jusqu’en 1887. Traditionnellement, les ordres étaient également donnés en Français. Leurs fanfares continuaient à jouer des airs français comme “La casquette du père Bugeaud”, “Sambre et Meuse” ou “Sidi Brahim”. Les sorties et les exercices effectués chaque dimanche matin reconstituaient ainsi un fragment de l’ “ancienne patrie” (9).
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